Pour un BDSM thérapeutique

Bien plus qu’un agrégat de pratiques érotico-sexuelles, le BDSM est aussi un moyen de s’explorer, de se réapproprier sa sexualité ou bien de développer des qualités humaines très précieuses et utiles bien au-delà de la relation D/s, participant à l’épanouissement dans les sphères romantiques, personnelles et professionnelles.

On parle trop peu des aspects thérapeutiques du BDSM… et pourtant, ils sont nombreux !

Alors, pour leur faire honneur, je leur dédie cet article, en espérant que tu y trouves un point ou deux correspondant à ton expérience et que tu puisses explorer pour donner encore plus de profondeur à ton approche du BDSM et à tes relations D/s.

Revivre, explorer et se réapproprier ses traumatismes, dans un cadre sécuritaire, sain et consensuel

C’est, je crois, l’aspect le plus connu… au point, malheureusement, qu’il en est parfois décrédibilisé : l’attrait pour les pratiques BDSM serait une “perversion” due à des traumatismes d’enfance, souvent en rapport avec une mère ou un père trop stricte, protecteur.rice ou qui n’a pas sû couper le cordon… qu’on chercherais à revivre, accompagné.e d’un.e Dom représentant la figure parentale…

Il s’agit évidemment d’une source possible de traumatisme ou d’abus qu’on peut chercher à se réapproprier, mais ce n’est certainement pas le seul : harcèlement scolaire ou sexuel, violence physique, manipulation psychologique, viol (parfois incestueux), etc… la liste est longue !

Revivre un rapport de force, mais cette fois entre deux adultes consentant.es, capable d’exprimer leurs besoins, envies, peurs et limites pour poser des conditions claires et donc de donner leur consentement libre et éclairé à ce qui sera partagé, permets d’explorer son imaginaire érotico-sexuel et éventuellement (mais pas nécessairement) de remettre en scène le/les traumatisme.s dans un cadre sécuritaire, sain et consensuel.

Note importante cependant : on peut être amateur.ices de BDSM sans que cela n’ai RIEN à voir avec un quelconque traumatisme (qu’il y en ai eu, ou non) ! Il n’y a pas nécessairement d’explication logique à toutes nos préférences… ou du moins il n’y a pas forcément à en trouver, pour les expliquer. Les pratiques du BDSM permettent, en outre, d’apporter tout un tas d’autres choses très saines… pas étonnant, donc, qu’il attire tout plein de monde à tout plein de degrés différents !

Apprendre à accepter et à s’approprier les sensations et émotions challengeantes

Pratiquer le BDSM, c’est apprendre à accepter la difficulté et à ressentir pleinement des sensations ou émotions désagréables, voir douloureuses… bref : c’est apprendre la résilience !

Et ces capacités de lâcher-prise et d’acceptation d’un état de vulnérabilité parfois très avancé, elles sont précieuses bien au-delà de la relation D/s. Elles permettent aussi de naviguer le quotidien de façon plus sereine et plus saine, en s’appropriant pleinement les moments difficiles ou les périodes challengeantes de la vie au lieu… de les fuir !

Se donner des espace pour s’explorer et être pleinement soi

Je l’ai dit et redis : la base d’un BDSM sain devrait toujours être un bon travail d’introspection, pour se rencontrer soi et prendre le temps de développer des capacités d’attention et d’écoute envers ses envies, besoins, limites, peurs, etc. et, de dialogue honnête, avec soi-même (puis avec les autres).

Le BDSM (vécu en solo ou partagé), c’est aussi une sorte de bac à sable où explorer, en sécurité, ses sensations et émotions; où apprendre à vivre et s’approprier pleinement ses ressentis… se laisser être soi et accepter ses capacités et sa vulnérabilité.

Apprendre à mieux communiquer et à poser ses limites.

Une autre base importante du BDSM, c’est la communication : avec soi-même, d’abord… et puis avec les autres !

Savoir communiquer clairement et efficacement ses limites à l’autre ne va pas de soi… c’est une intelligence sociale qui se développe, s’acquiert et s’entretient tout au long de la vie !

Beaucoup des soumis.es que j’accompagne n’ont pas cette compétence, car on apprends rarement à s’écouter et à communiquer calmement ses besoins… aux femmes, car elles devraient faire plus attention aux besoins des autres qu’aux leurs et aux hommes, car ils n’ont prétendument pas d’émotions ou que c’est aux femmes autour d’eux de prévenir leurs besoins sans qu’ils n’aient à faire ce travail (ressentir ses émotions et poser des mots dessus, c’est un truc de bonne-femme de toute façon).

Développer cette qualité au sein de ses relations D/s (ou non, d’ailleurs : pas besoin du BDSM pour travailler sur soi !), c’est développer une qualité humaine très précieuse, prendre la responsabilité de ses besoins, ressentis ou limites et se respecter plus, veiller à son intégrité… car être en capacité de poser ses limites, c’est aussi être en capacité de dire “stop” quand on sent que celles-ci ne sont pas honorées ou prises au sérieux par notre partenaire.

Se donner un espace où jouer et relâcher la pression

S’offrir des espaces où relâcher la pression et exorciser toutes ses anxiétés… c’est précieux et c’est aussi ça, prendre soin de soi !

Le BDSM peut être cette parenthèse liminaire, permettant de se détacher de soi tout en y revenant, de se couper de la mesure du temps et des repères, pour faire enfin le calme dans ta tête, car, vivre des émotions et sensations intenses, tenir l’inconfort ou la douleur, se donner à fond… ça prends toute la place et ça peut avoir, sur l’organisme, le même effet qu’une bonne séance de sport !

Le BDSM peut être abordé comme une forme de self-care : laisser quelqu’un s’occuper de nous, prendre complètement en charge le moment, nous chouchouter ou nous frapper jusqu’à ce qu’on oublie qu’on est un être humain (selon l’ambiance de la séance), tout en n’ayant rien d’autre à faire ou à penser que de se fixer dans le moment présent… ça fait rêver, non ?

Se prouver à soi-même qu’on est capable, développer sa discipline

Enfin, pratiquer le BDSM de façon régulière, flirter avec ton inconfort et jouer avec tes réactions… développe aussi ta discipline et peut te permettre de te prouver à toi-même que tu es capable de réaliser énormément de choses, y compris des choses qui peuvent te faire peur ou te paraître insurmontable !

Tu as plus de ressources en toi-même que tu ne le crois et c’est chouette et sain de te donner l’opportunité de te le prouver de façon régulière !

Et toi ? Comment le BDSM a t’il été thérapeutique pour toi ?
N’hésites pas à me le raconter en commentaire ! C’est toujours un plaisir de te lire :)

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